Description de l'évènement
Shohei Imamura, Japon 1981, 2h31
Scénario : S. Imamura, Ken Miyamoto, d’après La ballade du peuple vif du Japon d’Imamura ; Image : Masahisa Himeda ; Interprètes : Kaori Momoi, Shigeru Izumiya, Ken Ogata, Shigeru Tsuyuguchi, Masao Kusakari…
Shohei Imamura a-t-il en tête la démocratie lorsqu’il tourne Eijanaika, sans doute pas mais son propos n’est pourtant pas éloigné de celui qui nous préoccupe. En mettant en scène le peuple, le petit peuple, les hors castes face à l’histoire, la grande celle que les puissants de tous bords font avec le sang des autres, il trace un portrait en creux de la démocratie. Sophisme diront certains, la démocratie n’est pas la dictature inversée, peut-être. Mais, en faisant le choix de placer ses personnages au moment de l’ère Meiji, instant de tous les possibles, quand à un Shogunat épuisé va succéder une inattendue restauration impériale, bien vite garante de l’accès du Japon aux charmes de la rentabilité capitaliste, Imamura fait le pari de montrer le débordement de l’action populaire mise en branle par les factions. Dans un film passionnant, où à chaque instant se passe quelque chose dans un parti pris baroque, quand les mouvements de foule répondent à ceux du cœur et quand la truculence des masses affronte l’ordre ancien comme le nouveau, se glisse, rire aux lèvres et moquerie à la bouche, le fantôme d’une démocratie à venir. Le père Hugo n’aurait pas dédaigné ces gavroches nippons et leur agitation sublime !
Laisser un commentaire