Yves Thos

Identité :
Yves Thos est né le 29 octobre 1935 à Clichy-sur-Seine (Hauts-de-Seine).

Formation :
En 1949, dès l’âge de 14 ans, Yves entre en apprentissage chez Publi-Décor. Il passe ensuite chez Levinski, puis chez Dante. Il s’agit de trois entreprises de fabrication de toiles peintes pour devantures de cinémas.

Carrière :
Yves Thos est l’auteur d’environ deux cents affiches pour le cinéma. Il débute véritablement en 1954 à l’agence CAP (Consortium des Arts Publicitaires) qui travaille alors pour la société Pathé Cinéma. 

C’est en 1955 qu’il peint ses deux premières affiches sur papier, pour Le Général du diable d’Helmut Kautner et Il Bidone et Federico Fellini [120×160]. Mais à la fin du mois d’août, appelé du contingent, il part faire son service militaire en Algérie.

À son retour, deux ans plus tard, il reprend son métier d’affichiste pour Pathé avec Toi le venin de Robert Hossein [120×160], enchaînant par quelques films restés célèbres, dont La Douceur de vivre de F. Fellini (1959) et La Fièvre monte à El Pao de Luis Buñuel (1959).

1960 marque le début de sa collaboration avec René Ferracci chez Cinédis. Les vingt-deux années qui suivent marqueront sa période flamboyante, période au cours de laquelle il illustre près d’une centaine de longs métrages, principalement des films d’action et d’aventure avec Jean Marais, puis avec Jean-Paul Belmondo. Parmi ses metteurs en scènes attitrés, Philippe de Broca est le plus fidèle : appréciant particulièrement son travail, il lui demande d’illustrer six de ses films dont L’Homme de Rio (1964) et Les Tribulations d’un Chinois en Chine (1965). En 1963, Yves épouse Béatrice Ducatel, qui souvent l’épaulera en prenant la pose pour lui servir de modèle. Des films de tous genres qu’il illustre au cours de cette période, retenons Les Mongols avec Anita Ekberg (1960), Le Capitan d’André Hunebelle (1960), L’Oiseau de paradis de Marcel Camus (1961), Don Camillo Monseigneur avec Fernandel (1961), Les Amants de Teruel de Raymond Rouleau (1962), Les Cheyennes de John Ford (1964), Angélique et le roi avec Michèle Mercier (1965), Topkapi de Jules Dassin (1965), Spartacus de Stanley Kubrick (1959 – affiche de ressortie 1968), Drame de la jalousie d’Ettore Scola (1970), Darling Lily de Blake Edwards (1970) ou encore Les Croix de fer de Sam Peckinpah (1977). Un tracé précis et sûr, souvent d’une très grande minutie, un sens aigu des expressions du regard, d’heureuses trouvailles de « mise en scène » dans l’évocation des atmosphères contribuent aujourd’hui encore à l’intérêt, à l’efficacité et parfois aussi à la beauté des créations d’Yves Thos. Il réussit, mieux que d’autres peut-être, à capter l’esprit de son époque et à en imprégner ses œuvres au point de leur donner, dans les meilleurs cas, l’authenticité d’un témoignage. 

Ses débuts de peintre sur calicots pour les façades des grandes salles parisiennes font qu’il reste toujours très à l’aise avec les grands formats [120×240] [240×320] et [240×400], pour lesquels les commanditaires font régulièrement appel à lui, même s’il est vrai qu’après 1960 et l’apparition de l’offset, il n’est plus nécessaire de peindre les affiches dans leurs tailles réelles.

Parallèlement à ses activités dans le cinéma, Yves Thos connaît également « sa période bandes dessinées », illustrant régulièrement entre 1962 et 1972 la première page du magazine Pilote, la couverture des albums de Bob Morane, de Barbe Rouge et de sAventures de Tanguy et Laverdure à la demande d’Albert Uderzo et de René Goscinny. « J’y ai pris un certain plaisir, même si ma préférence m’a toujours fait pencher vers le cinéma. D’ailleurs, pour les bandes dessinées, si on est venu me chercher, c’était précisément parce que mon style faisait très “cinéma”».

Après la mort brutale de René Ferracci en 1982, la carrière d’Yves Thos prend un autre cours. La montée du photomontage au détriment du dessin fait que le style « Yves Thos » évoque déjà le passé. Il signe ses dernières affiches avec Louisiane de Philippe de Broca (1984), Police d’Édouard Molinaro (1984) et Mister Dynamite de Jackie Chan (1986).

Les circonstances l’obligent alors à se reconvertir : se tournant vers les maisons d’éditions, il illustre pour France Loisir toute une série de couvertures lors de la première édition des romans à succès de Stephen King. Il travaille également pour la publicité, en particulier sur le lancement du parc Euro-Disney en 1992. 

Enfin, voici bientôt trente ans qu’Yves Thos s’est mis à la peinture de chevalet. Mais ses tableaux d’aujourd’hui ressemblent étrangement à ses affiches d’hier. C’est par exemple le cas des portraits d’acteurs qu’il continue de peindre, jouant sur la lumière et travaillant le contraste des couleurs, comme on le faisait naguère en publicité. C’est une partie de ce qu’Yves Thos aime dans ses tableaux et qu’il appelle, non sans une pointe de nostalgie : « l’esprit d’affiche ».

Guillaume Boulangé et Christian Rolot

Bibliographie : Guillaume Boulangé et Christian Rolot, Histoire d’une passion, Yves Thos, affichiste de cinéma, édition Deuxième époque, Montpellier, 2020, 128 pages.